Les adeptes du geocaching partent à l’abordage des villes, campagnes et forêts. Dans cette chasse au trésor du XXIe siècle, sans appât du gain, des indices mènent les pirates modernes vers la cachette mystère.
Il entre les coordonnées dans son GPS et se retrouve au coin d’une rue qu’il emprunte tous les jours. Aimanté au dos d’un panneau de signalisation, le trésor est là. Pas de grande valeur, mais d’une richesse inattendue. Une pièce de monnaie australienne, une figurine ou un porte-clés. Et un logbook, carnet sur lequel il inscrit la date de son passage et son nom. Lui, c’est un géocacheur.
« Très vite addictif »
Comme Jym, 28 ans, ouvrier en menuiserie à Mayenne. « À force de découvrir des lieux magnifiques, ça devient très vite addictif », confie-t-il. Il a entraîné amis et compagne dans cette chasse au trésor moderne et sans appât du gain. Dans les villes, les forêts, au sommet des montagnes, des objets sont dissimulés. Pour les dénicher, tout commence par des coordonnées GPS, divulguées sur un site Internet comme geocaching.com. Des indices à glaner sur place ou des énigmes mènent à la fameuse cache.
Grâce au geocaching, Jym a découvert Ambrières-les-Vallées et la « magnifique vue » depuis son viaduc. Il a aussi « redécouvert » Sainte-Suzanne. « On place une cache à un endroit qu’on apprécie, c’est plus personnel qu’un guide touristique », souligne celui qui s’est aussi improvisé cacheur. À son tour, il a semé des boîtes, répertoriées sur le site dédié, assorti d’une description historique ou d’anecdotes sur le lieu en question. Ses anciennes boîtes de chewing-gum côtoient l’ancien hôpital ou le plan d’eau de Mayenne.
Christophe Saussol profite de ses déplacements professionnels pour partir à la conquête de caches inconnues. À 45 ans, cet auditeur pour un groupe financier habite près de Vitré, en Ille-et-Vilaine. Une de ses caches a élu domicile au pont de Pritz, à Laval. Il a poussé certains à en créer à Jublains, « pour faire découvrir la richesse de son site romain ».
À tout âge
Jeunes, retraités ou familles se muent en explorateurs des temps modernes. La Team Coco 59 raconte sur Internet sa quête d’une cache lavalloise : « Nous voilà partis pour une après-midi geocaching en famille. Les toutes premières géocaches de Matéo, 3 mois et demi. »
Ce loisir a beau utiliser le Net, sa communauté n’est pas que virtuelle. Christophe Saussol a créé un forum spécialisé avec un ami rencontré sur le lieu d’une cache. En septembre, ils ont organisé le premier event de leur département. Ce rassemblement a réuni 150 passionnés. Après un pique-nique, ils ont dévoilé 86 caches préparées depuis plusieurs mois dans les environs.
Matthieu Jagu, 30 ans, a participé à un event à Orléans, qu’il a quitté afin de s’installer à Laval, il y a deux ans, pour travailler sur le chantier de la LGV, comme géomètre. Ne connaissant personne dans le département, il l’a découvert grâce aux géocaches. « Ceux qui les placent ont des connaissances et partagent leur patrimoine local », apprécie-t-il.
Muni d’un GPS et d’une application sur son smartphone, il a à son tour caché une boîte de pellicule photo en face du château de Laval. Il effectue des « visites de maintenance » pour contrôler son état. En 2015, Matthieu Jagu aura terminé sa mission sur le chantier de la LGV. Avant de repartir, il sollicitera un de ses amis lavallois rencontrés grâce au site de geocaching. Pour que sa cache perdure, il la lui « léguera ».