Un géocacheur passionné, Slávek Hoblík a fait sa première expérience avec cette activité, il y a dix ans. Aujourd’hui, il est un membre actif de l’Association tchèque du Géocaching qui est née en 2012 et regroupe environ 200 personnes. Dans un entretien accordé à Radio Prague, il revient sur l’histoire de ce loisir :
« Le géocaching est né aux Etats-Unis, il y a quinze ans, quand on a libéralisé la diffusion des signaux GPS. Ensuite, un jeune homme est venu avec l’idée d’essayer de placer un contenant dans la forêt et de publier sur Internet ses coordonnées. Il s’est dit que peut-être quelqu’un le trouverait et en parlerait aussi sur Internet. Donc, il y a eu un premier contenant, il y a quinze ans. Le premier en République tchèque est apparu seulement un an plus tard, mais il y a été créé par des étrangers. Aujourd’hui, il y en a des millions partout dans le monde et des dizaines de milliers en République tchèque. »
La principale motivation des amateurs de ce sport est double : découvrir de nouveaux endroits et s’amuser en cherchant ces boîtes qui sont souvent bien camouflées. Les géocaches sont de plusieurs types. Parmi les trois principaux, la « Cache standard », cherchée à partir des coordonnées GPS publiées directement sur le site internet, la « Multi-cache », dont le principe est de trouver une boîte dans laquelle sont dissimulées les coordonnées d’une autre boîte qui permettent de parvenir jusqu’à « la cache finale », et puis la « Cache à énigme » qui consiste à déchiffrer, avant de pouvoir partir à sa recherche, une énigme afin d’obtenir ses coordonnées GPS. Selon Slávek Hoblík, il y a néanmoins encore un autre aspect lié à la recherche de ces contenants qui rend cette activité intéressante :
« Le géocaching est une chasse aux trésors. C’est la raison pour laquelle un trésor devrait être caché dans ces boîtes ce qu’apprécient surtout les enfants. Alors quand je pars dehors, par exemple, avec mes nièces, nous prenons des petits jouets à échanger et puis nous réfléchissons lequel des objets prendre dans la boîte et lequel y mettre en échange. Mais il y a également quelques objets ‘obligatoires’ qui sont censés rester dans la géocache. Il s’agit notamment du ‘logbook’, un petit cahier ou un petit livre dans lequel j’enregistre mon nom pour prouver ainsi ma visite. Et quand je rentre, je l’enregistre encore sur le site web en précisant si la cache m’a plu et si c’était une belle expérience. »
La République tchèque en tête des statistiques mondiales
Populaire partout dans le monde entier, cette activité est particulièrement appréciée des Tchèques. A l’heure actuelle, des dizaines de milliers de personnes se rendent régulièrement à la recherche de ces petits trésors cachés. Slávek Hoblík explique :
« La République tchèque est une grande puissance du géocaching. La Tchéquie et l’Allemagne. C’est probablement dû à la tradition des organisations touristiques existant dans le pays depuis le XIXe siècle. La preuve : en République tchèque se trouve également la géocache la plus visitée au monde. Elle est située sur le Pont Charles. Nous avons également la géocache avec le plus grand nombre de points ‘favoris’, c’est-à-dire de points attribués aux caches favorites. Trouver en République tchèque un endroit où n’est placée aucune géocache serait difficile. Ce sont seulement les lieux où elles ne peuvent pas être placées, comme les réserves ou les espaces militaires. Sinon, les géocaches sont presque partout. A Prague par exemple, il y en a tellement que chercher un endroit pour en créer une autre est presque vain. »
Historiquement la première cache sur le territoire tchèque a été installée en 2001 dans le parc de Štramberk, dans la région de la Moravie-Silésie, à l’est du pays. Appelée « Tex-Czech », elle a été cachée par trois ressortissants américains, dont Kenneth Kovar, un Texan aux origines tchèques. Depuis, le géocaching a connu un vrai boom dans ce pays. Si en 2005, environ 700 caches ont été enregistrées, ce chiffre a rapidement augmenté à 5600 en 2007, à 15 700 en 2009 et même à quelque 38 000 en avril 2014. Slávek Hoblík précise d’autres spécificités qui classent la République tchèque en tête :
« Outre la géocache la plus visitée, c’est-à-dire qui a été trouvée et enregistrée par le plus grand nombre de gens, nos caches sont belles et elles sont situées dans des endroits intéressants. Nous sommes aussi les meilleurs quant à leur nombre par personne. Mais bien entendu, nous sommes un petit pays et il n’est pas possible d’installer sur notre territoire un nombre illimité de caches, donc les pays comme l’Allemagne ou les Etats-Unis auront toujours plus de géocaches que nous. Mais si on compte le nombre de caches relativement à la surface ou par personne, nous sommes les meilleurs. »
La fantaisie n’a pas de frontières
Photo: Archives de Radio Prague
En République tchèque, ce jeu commence à être apprécié également par les directions des réserves naturelles et des parcs nationaux. Ces derniers, dont par exemple le parc de Šumava, utilisent les caches comme une alternative aux panneaux installés sur les sentiers éducatifs et fournissent par leur intermédiaire des renseignements sur la nature locale.
L’un des amusements préférés des géocacheurs est de chercher des endroits les plus bizarres possible pour y placer leurs géocaches. Le géocaching peut ainsi devenir un loisir vraiment insolite. En République tchèque, on peut alors trouver des caches par exemple dans les galeries souterraines du ruisseau de Dejvice, une partie du réseau des canalisations pragois, ou dans l’épave d’un hélicoptère qui est située au fond d’une carrière inondée, Bořená Hora près de Štěchovice, une commune située au sud de Prague.
Souvent, les caches peuvent également être consacrées à un thème particulier et fournir ainsi des informations sur le lieu, sur une personnalité célèbre ou encore sur un film. Selon Slávek Hoblík, ce thème représente pour de nombreux géocacheurs aussi une motivation de jouer avec le côté visuel de leurs boîtes :
« Le contenant peut être petit comme un dé à coudre, il peut ressembler à une maison pour les oiseaux ou il peut être grand pour cacher une baignoire. Alors, la fantaisie n’a pas de frontières et les Tchèques sont très créatifs, une nation de bricoleurs, et c’est la raison pour laquelle il semble que nous possédons les plus jolies géocaches au monde. »
Néanmoins, Slávek Hoblík refuse de donner des exemples concrets car les géocacheurs, dit-il, sont une « organisation secrète » et essaient d’éviter de faire découvrir leurs œuvres aux « géomoldus », ainsi qu’ils appellent les non-géocacheurs en faisant une référence à la série littéraire Harry Potter.
Il invite toutefois à se joindre à cette « aventure » qui selon lui rapproche des gens :
INFO :
Afin de participer à la recherche de ces trésors, il faut s’enregistrer gratuitement sur le site internet : www.geocaching.com
Le site fournit des coordonnées et des informations sur des géocaches, ainsi que des renseignements sur l’endroit où celles-ci sont placées.
« Une des choses que j’apprécie le plus avec le géocaching, c’est que cette activité traverse la société. Vous rencontrez ainsi beaucoup de gens intéressants, qu’il s’agisse d’enfants, d’étudiants, de retraités, de pauvres, de riches… C’est vraiment intéressant. Tout d’un coup vous rencontrez des personnes qui ne vous sont pas proches ni par leur profession, ni par l’âge, mais vous faites leur connaissance grâce à cette activité commune. Et ces rencontres sont souvent très agréables. »
Photo: Archives de Radio Prague
Un tuyau pour finir : le géocaching peut rendre plus agréable également par exemple la visite de Prague car ces boîtes à trésor sont cachées même là où un touriste ordinaire ne les chercherait jamais, dans les plus beaux endroits de la capitale tchèque. Ainsi, il est possible de découvrir, parmi quelques 12 000 autres sites, par exemple la Maison à la Vierge noire, un rare exemple de l’architecture cubiste, le château de Hvězda, les berges de la rivière Vltava ou de rendre plus agréable l’attente à l’aéroport Václav Havel.