Chasse aux trésors 2.0 en Haute Bretagne

un article intéressant de territoire.info

 Chasse au trésor nouvelle génération, le géocaching se pratique à l’aide d’un GPS et se prolonge en ligne. En juillet 2009, le Comité départemental du tourisme (CDT) d’Ille-et-Vilaine a décidé d’utiliser le concept pour promouvoir son patrimoine. Bonne pioche : adeptes et novices d’ici et d’ailleurs répondent à l’appel.

« Promouvoir les pépites du département auprès des touristes et des habitants en mêlant les nouvelles technologies et la découverte du territoire. » Caroline Pionnier, chargée de mission TIC* et webmarketing pour le Comité départemental du tourisme d’Ille-et-Villaine (CDT 35), rappelle l’ambition initiale. Après celui du Doubs, le CDT 35 a été le deuxième en France à se lancer dans l’aventure. « Et depuis le lancement, il ne se passe pas un mois sans qu’un autre CDT ne nous appelle pour avoir des renseignements sur notre démarche et s’en inspirer ! »

Plus de 800 personnes se sont déjà inscrites sur le site www.tresorsdehautebretagne.fr, et la croissance est exponentielle. « Il y avait très peu de membres au début, et depuis début 2011, la communauté a quasiment doublé », se réjouit Caroline Pionnier. « Nous avons aussi acheté 25 GPS pour que les offices de tourisme puissent en louer à ceux qui le désirent. Dans certains, ils sont réservés tous les week-ends ! »

Pépites impromptues

Trésors de haute Bretagne, le site du géocaching en Ille et Villaine

Jeu novateur pratiqué aux quatre coins du monde, le géocaching est un moyen original de faire connaître son territoire. « Les géocacheurs cherchent des caches créées par des géoposeurs. Ce sont souvent des boîtes hermétiques afin qu’elles soient à l’abri des intempéries. Elles sont situées dans l’espace public et dans des endroits accessibles sans danger. Une fois découvertes, les géocacheurs récupèrent un ou plusieurs « trésors » qui s’y trouvent, en déposent d’autres et mentionnent leur passage. On distingue deux types de caches : les standards, avec un point de départ et un point d’arrivée, et celles à énigmes, ou multicaches. C’est alors un circuit jalonné d’énigmes à résoudre. » Sur la cinquantaine de caches estampillées « Trésors de Haute Bretagne », plus de 80 % sont à énigmes.

Un calvaire perdu, un dédale de petites ruelles inattendues comme à Saint-Brieuc ou à Cancale, des curiosités qui ne figurent pas dans les guides touristiques, voire même que les habitants ignorent… Les trésors de Haute-Bretagne sont autant de pépites à découvrir. Et pour les caches à énigmes, la matière ne manque pas non plus : « Nous avons la chance d’avoir un territoire culturellement riche. Une terre de légendes, de forêts, de châteaux et de chevaliers… » L’objectif est aussi de « valoriser les professionnels : crêperies, restaurants, cafés, musées… Dans la forêt de Fougères, nous avons ainsi conçu un grand parcours d’une demi journée qui se termine par la base de loisirs de Chênedet. »

Géocaching en Haute Bretagne - livret

Pascal Trémaudant, 50 ans, est géocacheur depuis un peu plus d’un an (cf. encadré). « Le géocaching permet de trouver d’autres buts de balades. Ma femme aime beaucoup les caches du CDT car elles sont réfléchies et mettent en valeur le patrimoine. Dans Rennes, par exemple, elles nous ont permis de découvrir des choses que l’on n’avait pas remarquées comme des mosaïques de carrelages signées Odorico. »

Jeu communautaire

« Il existe une vraie communauté de géocacheurs confirmés », souligne Caroline Pionnier, « et nous avons préféré les associer à notre réflexion pour ne pas aller à l’encontre du mouvement mondial. Toutes nos caches sont donc validées avant publication et inscrites sur le site officiel, www.geocaching.com. Lors de la mise en place des caches, nous avons aussi sympathisé avec des géocacheurs. » Certains d’entre eux sont même devenus « béta testeurs », comme Pascal Trémaudant, chargé par Caroline Pionnier de tester l’une des prochaines caches du CDT 35.

« Le géocaching fonctionne aussi à travers l’entraide », assure-t-il. « La communauté de géocacheurs est très amicale, et par exemple, lorsqu’on ne trouve pas une cache, il suffit de contacter une personne qui l’a déjà faite pour avoir un petit indice. Et c’est aussi pour cela qu’enregistrer son passage en ligne est plus important que de le faire sur place : l’intérêt est de partager avec les autres… même si on n’a pas trouvé, car 90 % des géocacheurs n’indiquent pas lorsqu’ils ont échoué ! »

Régulièrement, des rassemblements géants nommés « events » permettent aussi aux géocacheurs de se rencontrer, comme le 27 août à la Bernerie-en-Retz. « Le matin, on échange entre géocacheurs et on pique-nique, et l’après-midi, on est lâchés avec une feuille de route. Mais des fois, c’est un petit peu un marathon de la cache, on s’attache moins à la beauté du site… »

L’ouverture en bémol

Pensé comme un jeu grand public, l’ensemble des caches du CDT 35 sont publiées sur leur site et non pas uniquement sur le site officiel, www.geocaching.com. Une ouverture aux non-initiés qui fait grincer quelques dents. « Le CDT veut bien faire, mais cela pose un petit problème d’éthique, car leurs caches sont ouvertes à tous, même ceux qui ne connaissent pas les règles du géocaching. C’est dommage, car ce sont de belles caches », témoigne Pascal Trémaudant. Suivre un travel bug sur des dizaines de milliers de kilomètres et perdre sa trace parce qu’un non initié l’a récupéré pour faire office de porte-clefs, c’est sûr que ça peut agacer… « Et dans la communauté de www.tresorsdehautebretagne.fr, on voit à travers les commentaires que beaucoup n’ont pas le respect dû aux géoposeurs, ceux qui créent les caches. Ils ne se rendent pas compte des difficultés que cela représente. »

 

Goodies et travel bugs

 

Lorsque l’on découvre une cache, il faut choisir un « trésor » et le remplacer par un autre. Dans les boîtes de ses caches, le CDT 35 a mis « plein de petits goodies : crayons, porte-clés, jetons de caddies… Et comme notre cible est les familles, nous y plaçons aussi des jeux pour enfants. » Bien vu : « je dois trouver une solution pour trouver des objets de remplacement, car ma fille de 10 ans veut prendre de plus en plus de trésors lorsque nous trouvons une cache ! », sourit Pascal Trémaudant.

Géocaching en Haute Bretagne - geocoin

Parfois, les caches contiennent aussi un travel bug (plaque en métal avec un numéro de série unique et généralement attachée à un objet) ou un geocoin (pièce de monnaie avec une face personnalisée et une face avec un numéro de série). 23 geocoins portent d’ailleurs les couleurs de la Haute Bretagne. Et quel est l’intérêt ? Référencés par tous ceux qui les découvrent, on peut suivre en ligne leur voyage à travers le monde, parfois même avec des photos à l’appui. « J’ai acheté un geocoin « perso », qui me permet de suivre tous mes déplacements sur une carte. », témoigne Pascal Trémaudant (voir capture d’écran ci-contre). « Mais surtout, j’avais une vieille Nevada qui affichait 345 000 kilomètres au compteur et j’ai envoyée dans le jeu une clé avec la mission de parcourir au moins autant de kilomètres que ma voiture. »

* Technologies de l’information et de la communication

www.tresorsdehautebretagne.fr

www.geocaching.com

www.bretagne35.com

 Le virus du géocaching

Géocaching en Haute Bretagne - famille Trémaudant

la famille Trémaudant en plein géocachingPascal Trémaudant, chef de projets en informatique à Chateaubourg, 50 ans et père de deux enfants (10 et 13 ans), ne connaissait pas le géocaching il y a un an. Aujourd’hui, il avoue être complètement mordu.

« J’ai connu le géocaching l’année dernière, au retour des vacances, grâce à un collègue qui m’a fait part de son expérience. Je suis assez joueur dans l’âme, malgré mon âge, et ça m’a paru très sympa. Je me suis inscrit et j’ai proposé à ma petite famille de faire une première chasse au trésor à côté de chez nous. Ça a été un vrai fiasco, et nous avons abandonné. Mais nous avons remis ça un mois plus tard. Petit à petit, nous avons prospecté aux alentours de Châteaubourg et toute la famille s’est prise au jeu. Et depuis cet été, chacun a son propre compte de géocacheur ! Désormais, on fait environ deux sorties par mois, c’est devenu un vrai hobby. Nous avons même acheté exprès un GPS randonnée avec option chasse aux trésors ! Et c’est pareil au bureau : sur 13 personnes, nous sommes déjà six géocacheurs, et au retour des vacances, nous avons passé deux jours à nous raconter nos expériences. J’en parle autour de moi, j’emmène des amis et suis même devenu géoposeur : je suis pris dans une vraie spirale ! »

Mis en ligne le 21 septembre 2011
Thibaut Angelvy - Journaliste et webmaster